Job
(Coix Lacryma Jobi)

Nous récoltons cette graine sur notre terrain. C'est une graminée de la famille du maïs. Au début nous n'avions planté que deux pieds, si bien que nous récoltions les graines très précautionneusement les unes après les autres.

Après quelques années de repiquage, nous avions plus de deux cents pieds et la récolte s'est avérée problématique. Il a donc fallut procéder différemment et désormais nous coupons les tiges arrivées à maturité. Avec, nous remplissons un grand sac de jardin que nous laissons reposer une dizaine de jour. Après nous battons le sac. Les graines se retrouvent au fond. Alors seulement nous retirons les tiges et versons le contenu du sac dans une grande calebasse. Les graines sont là avec beaucoup de paille. Pour les séparer il faut attendre un vent propice et faire sauter le contenu de la calebasse, la paille s'envole et la graine retombe.

Le perçage de cette graine de la taille d'une graine de melon est très délicat quand elles sont sèches

Traditionnellement les indiens d'Amérique Centrale la récoltent verte et ainsi ils peuvent, avec une aiguille et un fil réaliser des créations de sac qui défient toute concurrence.

Zanzibar
(Majidea Zanguebarica)

Cet arbuste à la floraison magnifique est planté dans les jardins tropicaux du monde entier.

La graine de zanzibar est d'une beauté exceptionnelle car en plus d'avoir ce duvet bleu/gris, celui-ci lui permet d'avoir des reflets de lumière irisée. La graine, une fois montée sur nos créations, est tout a fait pérenne.

La particularité de son duvet fait qu'elle a tendance à blanchir avec le temps. Nous préconisons alors comme entretien de la laver délicatement avec un peu d'eau savonnée et elle reprendra son aspect initial.

Oeil-de-Boeuf
(Mucuna)

Faire germer cette graine n'est pas très facile. En effet, puisqu'elle se déplace avec l'eau, pour résister elle développe un gel anti-germinatif.

Il est donc utile non seulement de faire tremper la graine dans de l'eau, mais de la frotter afin d'enlever cette couche de gel qui la protège. Après avoir renouvelé l'opération plusieurs jours, on peut l'inciser délicatement sur la tranche et la retremper. Alors elle se gorge d'eau, gonfle et on peut la planter en la déposant simplement sur un terrain bien aéré.

Alors que nous avions cru qu'un de nos premiers essais en pleine nature avait échoué, un an plus tard en regardant le massif végétal où nous avions voulu planter cette liane, quelle ne fut pas notre surprise d'y découvrir plus d'une centaine de fleur et autant de promesses de récolte.

Caconnier
(Ormosia monosperma)

Il faut aimer les randonnées pour aller récolter cette graine. Que d'histoires ! Celle-ci est un très joli symbole.

Lors de notre toute première récolte nous étions ébloui par la quantité de graines que nous avions trouvées, peut être 500, mais pressés comme toujours par le temps, en plein milieu de la forêt tropicale alors que la nuit tombait, nous courrions sur le chemin du retour en entendant les graines résonner dans le sac. A mi-parcours un étrange doute nous envahi. Vérifiant le contenu du sac nous y découvrions un large trou et par la-même que nous venions de semer la moitié de notre récolte.

Déçus mais optimistes, réalisant que nous étions nous aussi un pion dans les stratagèmes mis en place par la Nature pour disséminer ses graines.

Mirobolant
(Hernandia Sonora)

Cet arbre pousse en milieu humide, près des rivières. Le prix à payer est cher pour celui qui veut faire cette récolte.

En effet, depuis des années nous n'avons pas encore trouvé le système qui nous permettrait de ressortir de cette forêt sains et saufs, puisque les quatre jours suivant nous les passerons à nous gratter à cause d'une puce appelée « bête rouge ».

Il paraîtrait que l'on fait une superbe confiture des fruits du Mirobolant qui nous consolerait bien du mal que l'on se donne à les récolter.

Savonnette
(Sapindus Saponaria)

Cet arbre possède la même particularité que le calebassier. Il suffit de planter une branche en terre pour qu'il repousse.

Toutefois cette technique possède ses limites car les arbres ont souvent besoin d'une racine principale, d'une racine vrillante pour s'ancrer au sol, et la réalisation d'une bouture ne crée pas ce genre de racine.

Aussi on peut voir nombre de calebassiers et quelques trop rares spécimen de Savonnette avoir été « couchés » par un vent un peu trop fort.

Oreille-à-Mulatre
(Enterolobium Cyclocarpum)

Lors de la récolte, la forêt est remplie d'une odeur forte et incroyable. Très proche de l'odeur des fleurs d'acajou.

Cet arbre a une croissance si rapide qu'il est impossible de l'avoir en pépinière. Il est majestueux et c'est l'emblème du Costa-Rica.

Plus connu sous le nom de Guanacaste, la gousse à une forme d'oreille d'éléphant.

L'expression « c'est l'arbre qui cache la forêt », peut étrangement s'appliquer à la recherche de certaines espèces et lorsque l'on en découvre un spécimen, il n'est pas rare de trouver, derrière, dans les parages, toute une famille au grand complet.

Shiva
Rudraksha
(Elaeocarpus Angustifolius)

Les indiens de Pondicherry qui sont venus à la fin du XIXème siècle pour travailler dans les distilleries de rhum après l'abolition de l'esclavage, ont importé beaucoup de plantes et d'épices avec eux. Le curcuma, l'arecquier et évidemment l'arbre qui est le plus sacré chez eux en Inde, l'arbre de Shiva.

Inexistant à la Martinique, nous avons eu la chance de rencontrer une personne de Guadeloupe qui possédait sur son terrain un arbre centenaire. Cette personne a bien voulu nous envoyer un sac de graines par l'intermédiaire d'amis qui faisaient le voyage entre les deux îles.

D'organiser le transport à peut être pris plus de temps que prévu, et lorsque le sac est arrivé entre nos mains quelle a été notre surprise de découvrir qu'au fond de celui-ci, grâce certainement à la condensation, des graines avaient germé. Le résultat a été inespéré car nous avons pu mettre plus de 150 pousses en pépinière.

Depuis, pour les hindouistes qui vivent sur l'île ainsi que pour les artisans nous proposons cet arbre sacré avec un grand plaisir.  

Courbaril
(Hymenea Courbaril)

Claude Lévi Strauss nous a donné ce conte dans les Mythologiques :

Un enfant de la tribu des Bororo surprend sa mère à la rivière en train de « s'amuser » avec un voisin. Il court chercher son père qui est le héros mythologique de la tribu. Celui-ci en tirant une flèche avec son arc tue le voisin sur le champs et ramène sa femme dans la hutte en la tirant par les cheveux. Le soir il la fait étrangler par quatre tapir qui chacun tire une corde dans une direction cardinale. Ensuite il l'enterre sous la lit conjugal.

Le lendemain et les jours qui suivent l'enfant est étonné de ne pas trouver sa mère et n'arrête pas de questionner son père à son sujet. Excédé de ne pas avoir de réponse, le petit garçon se transforme en oiseau et en s'envolant il lache une fiente sur l'épaule de son père. De cette tache va naître le premier Courbaril. Honteux de cette difformité, d'avoir un arbre qui lui pousse sur l'épaule, le héros mythologique part de lui-même en exil. Son périple durera plusieurs mois.

Chaque fois qu'il se couchera, épuisé, l'arbre rapetissera sur son épaule tout en ayant fait jaillir une source. Le père rentrera dans son village en héros, après avoir constitué tout le bassin amazonien.

Açaï
(Euterpe Oleracea)

Ce palmier a aussi été nommé « palmier pineau » par les premiers explorateurs du continent sud-américain, à cause du jus que l'on obtenait de ses fruits et qui était semblable à celui du raisin.

Il existe plusieurs types de palmiers açaï donnant deux types de graines différentes quand on les ponce. Une est marbrée, l'autre est d'une couleur crème avec une petite tache foncée. C'est une graine qui est extrêmement utilisée en Amérique du Sud. Elle est hélas bien trop souvent synonyme de travail pour les enfants qui sont exploités afin de produire cette graine dont on se sert à outrance dans la confection des bijoux fantaisies en Europe.

Nous récoltons ces graines sur les quelques spécimens que nous connaissons en Martinique.

Palmier de la reine
(Syagrus Romanzoffiana)

Ce palmier fait partie de la grande famille des palmier à huile. Pour obtenir de l'huile il existe deux procédés.

On peut l'extraire à chaud de la pulpe de ses fruits ou alors en brisant la première noix, on peut récupérer le germe huileux. En le concassant et en le faisant bouillir on obtient de l'huile.

Ce palmier est un cousin du palmier à huile et n'a rien à voir avec le problème de déforestation lié à la consommation d'huile de palme et qui menace les orangs-outangs dans les forêts de Bornéo.

Palmier royal nain
(Veitchia Merrilli)

Ce palmier est le plus répandu aux Antilles.

Le ponçage de ses graines a nécessité que nous imaginions une machine capable de faire ce que le bout de nos doigts usés ne nous permettait plus de faire. Il y a plusieurs niveau de ponçage grâce au papier de verre.

Bien souvent nous finissons le travail de nos graines de palmier en les polissant avec une peau chamoisée synthétique.

Palmier des Iles Fidji
(Veitchia Joannis)

Palmier très rare à la Martinique, sa graine, une fois poncée est d'une exceptionnelle beauté.

Pour nous, sa découverte fait suite à une erreur puisque nous l'avons confondu avec son cousin le palmier royal nain.

Nous mettons une certaine quantité de graines à la disposition des collectionneurs qui auraient souhaité se procurer cette pièce rare.

Pendant des années nous sommes passés à côté de ce palmier sauvage sans le remarquer, alors que nous le cherchions !

Endémique de la Martinique c'est un palmier au port magnifique dont les graines, une fois polies ont une ressemblance avec les graines de shiva.

La récolte de ses graines est une entreprise compliquée puisque ses inflorescences culminent à dix mètres de haut et que son tronc est rempli de piquant ! 

Palmier Balai
(Livistonia Rotondufolia)

Palmier originaire de Malaisie, les chauve-souris adorent ses fruits. Elles sont capables de les transporter à plus de cent mètres du pied-mère.

Lors d'une visite d'un magnifique jardin botanique, accompagné du jardinier nous avons cherché pendant plus de deux heures l'emplacement de ce palmier alors que nous en avions trouvé la graine au début de la visite.

Souvent il nous vient à l'idée, comme les navigateurs qui crie « Terre », à la vue d'une île, de crier « palmier » lors de la découverte d'un spécimen rare qui ne s'est pas laissé gagner facilement.

Palmier Talipot
(Corypha Umbraculifera)

La première fois que nous avons trouvé des graines sous un palmier talipot, nous ne savions pas ce que nous avions récolté.

Nous ne pouvions imaginer l'exceptionnelle qualité de ces graines qualifiées d'ivoire végétal, ainsi que l'histoire de ce palmier rare qui ne produit qu'une seule fleur dans sa vie et qui ensuite meurt.

Croyant ne plus jamais avoir la chance d'en récolter à nouveau, ce bonheur est arrivé une deuxième fois et à l'heure actuelle il est possible d'admirer une de ces fleurs gigantesques à l'hôtel de région de la Martinique.